Il faut tout un village...
L'autre jour je terminais mon billet en vous parlant de l'importance de la communauté que l'on construit autour des enfants mais aussi des parents.
Et si nous connaissons tous cet adage africain, je remarque que nous peinons à le mettre en pratique. Les villages sont-ils en voie de disparition ?
Quand la contrainte devient la clé
Une amie qui a récemment eu son 3e enfant me demandait il y a quelques temps : mais comment elle a fait ta mère, toute seule avec vous trois ?
Je n'ai pas trouvé d'autres réponses que celle-ci : ce qu'elle pouvait. Ni plus ni moins. Elle nous a élevés aux knaqui-purée, envoyés à droite à gauche pour respirer, nous a impliqués au quotidien, parfois trop diront certains. Elle passait ses journées auprès d'autres enfants et n'avait plus l'énergie pour jouer avec nous, livrés à nous-même, libres... Et rien de tout cela ne m'a traumatisée car ma mère a su s'entourer, peut-être parce qu'elle n'avait pas le choix. Elle a fait au plus simple, au plus pressé. Elle savait qu'elle ne pouvait pas remplir tous les rôles, celui de la mère, du père, de la cuisinière, de la femme de ménage, de la maîtresse d'école, alors elle a fait au mieux, sans (trop) se culpabiliser. Chez nous c'était une questions de survie. Et je crois qu'en acceptant sa vulnérabilité et son incapacité à nous élever comme elle en rêvait, elle nous a sauvés. Sauvés d'elle et de ses idéaux, sauvés aussi car si j'adore ma mère, je me rends compte à quel point les autres personnes qui ont gravité autour de nous m'ont enrichie, soutenue, aidée. Le village, on le construit à notre image.
Le mythe de la bonne mère
Il peut paraître déplacer de parler du rôle de mère quand soi-même nous ne le sommes pas, mais comme me disait un ami : "ta vision est d'autant plus importante qu'elle est neutre et basée sur ton expérience.", c'est pourquoi je me permets de vous la partager.
Je crois que la bonne mère n'existe pas. Et si je parle des mères et non pas des pères c'est parce que c'est sur elles que pèsent la charge mentale aujourd'hui. Pourtant chaque parent fait ce qu'il peut avec ce qu'il est, et tout ce qu'on peut donner à un enfant c'est un socle d'amour, une base solide sur laquelle il pourra construire ses fondations, sa maison et son propre village ; et pour cela, la mère seule ne suffit pas. Alors à toutes les mamans qui me lisent, faites-vous confiance et ne vous flagellez pas pour vos fatigues, vos impatiences, vos erreurs et vos loupés, vos imperfections sont la plus belle leçon que vous pourrez transmettre à vos enfants. Leur éducation ne repose pas que sur vous, d'autres seront là pour leur apporter ce qu'ils n'ont pas. Enseignons-leur la vulnérabilité pour qu'à leur tour ils acceptent d'être faillibles - et juste humains.
Une recette pour bâtir son village ?
Accepter la co-éducation
Si l'un des ingrédients pour bâtir son village est la simplicité, l'autre est la confiance. Oser confier son enfant et laisser d'autres personnes que soit jouer un rôle - différent et parfois contestable - mais enrichissant pour l'enfant.
Comme je vous le disais, ma mère nous a régulièrement envoyé loin d'elle pour souffler. Nous n'avions pas beaucoup d'argent alors mon grand-père et ma grand-mère nous ont beaucoup gardés, mais pas seulement. Il y a eu les centres-aérés, les colonies, et les camps scouts. À 7 ans je partais déjà des semaines loin de ma famille, et je n'ai cessé de réclamer ces espaces de liberté. J'ai appris à allumer un feu en toute sécurité, monter à cheval et dormir dans le noir ; partir seule sur les routes, lire une carte et toquer chez les gens pour trouver un abris. On m'a offert le plus beau des cadeaux : l'autonomie. Bien sûr il ne s'agit pas d'envoyer les enfants n'importe où faire n'importe quoi, mais de leur offrir la possibilité de vivre loin de nous, autrement. Cela implique forcément d'accepter qu'un autre ait un rôle et que nous ne maîtrisons pas totalement leur éducation. Ne minimisez pas les enseignements que pourront offrir à vos enfants, un ami, un parent, un professeur ou une connaissance. Faites confiance, la vie est notre meilleure école et saura mettre sur le chemin de vos enfants les bons enseignants, même s'ils vous semblent ne pas coller avec l'idée que vous vous en faisiez.
Ce à quoi j'aspire avec cette école
Avec cette école, je tente moi aussi de construire mon village. J'apprends à demander de l'aide et à identifier mes compétences et ce que je sais faire de mieux. Savoir que je suis meilleure clown que boulangère est nécessaire pour moi, mais aussi pour les autres afin qu'ils ne soient pas surpris par le goût... Mes ateliers, outils et accompagnements ont vocation à offrir un espace d'échange et de liberté en dehors de ce que les parents peuvent proposer afin d'enrichir le monde des petits, et des grands.
Et si vous réinventiez le monde avec vos enfants ?
Stage de pré-rentrée !
Et une des choses que je sais faire le mieux, c'est de réinventer le monde, pour le rendre plus accessible. S'interroger pour savoir quelle sorte d'existence nous souhaitons mener, à quel genre de gouvernance nous aspirons, à quoi ressemblera la Terre dans quelques années... C'est pourquoi je vous propose un stage de pré-rentrée parent/enfant fin aout afin qu'ensemble nous puissions bâtir ce village dont nous rêvons.
Toutes les infos sur le stage ici
Vos enfants sont des graines qui ont été plantées dans un terreau idéal pour eux. Vous ne pourrez empêcher les mauvaises herbes et les intempéries, les années de sècheresse et les parasites qui gravitent autour, mais les aider à pousser toujours plus haut en les arrosant de votre amour, en leur assurant votre soutien comme tuteur et en osant leur lâcher la main quand il est l'heure pour eux d'apprendre à faire seul. Voilà tout ce dont ces précieuses graines ont besoin, alors n'oubliez pas de prendre soin de vous.
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