L'école est-elle la seule à pouvoir enseigner ?

Après avoir évoqué les différents modèles d'écoles dans le précédent billet, il me semblait important de rappeler que l'éducation n'est pas réservée à une structure ou une personne mais que chacun de nous a la capacité de transmettre ce qui l'anime.

Peu importe le sujet que l'on souhaite transmettre, l'important est toujours dans l'énergie qu'on y met.

Depuis une quinzaine d'années j'anime des ateliers auprès des enfants et adolescents, de 3 à 20 ans. Je leur parle d'orientation, des émotions, de confiance en soi, de l'importance d'oser rêver et être soi. Mais je leur parle aussi environnement, discrimination, citoyenneté et parfois même de propreté. Et chaque fois je constate la même chose : le cœur de l'intervention n'est pas la thématique, mais la rencontre. Le fait qu'eux et moi puissions échanger pour établir des ponts et nous retrouver.

Alors il me parait normal que des parents puissent revendiquer le droit d'instruire leurs enfants comme ils l'entendent. C'est aujourd'hui en France ce qu'on appelle l'IEF (l'instruction en famille).

L'IEF est-elle pour tout le monde ?

Si ce droit est essentiel, je ne pense pas néanmoins que ce modèle convienne à tous, enfants ou parents. L'important est toujours, comme je vous le disais précédemment, d'identifier vos besoins, et si l'IEF offre une certaine liberté dans le rythme et la manière d'apprendre, cela ne se fait pas sans une certaine pression.

Pourquoi tant de parents sont épuisés ?

Je constate en effet autour de moi beaucoup de parents qui se sont lancés dans cette courageuse aventure et qui peine à trouver un équilibre. Entre l'instruction, l'éducation, les besoins primaires des enfants et le temps pour soi, c'est souvent un apprentissage de chaque instant pour l'adulte, pour ne pas se perdre et s'épuiser dans une mission qui n'est pas innée - car je le rappelle, c'est un métier. Et si chacun peut transmettre ce qui l'anime, nous ne sommes pas tous à l'aise avec les contenus, formats, injonctions de l'État concernant l'IEF et ces contraintes pèsent parfois sur les mamans, car rappelons-le, c'est souvent elles qui assurent ce rôle.

Il faut tout un village pour éduquer un enfant...

Selon moi la clé réside dans la communauté. De nombreuses familles s'organisent désormais pour créer une communauté d'apprentissage autour des enfants afin de créer du lien mais aussi de ne plus être seul dans ce rôle exigent, ce qui me parait essentiel, car si l'instruction est l'affaire de chacun, c'est tous ensemble, entourés, inspirés, reliés que nous parviendrons à bâtir une nouvelle humanité.

Et le unschooling alors, c'est quoi ?

Je vous l'avoue, l'IEF ne m'a jamais tentée, et si je n'ai pas encore d'enfants aujourd'hui, je ne me vois pas leur transmettre de cette manière. Déjà parce que  j'ai trop besoin de liberté, tant en terme d'espace qu'en terme de contenu, et que si je n'enseigne pas dans les écoles aujourd'hui c'est en partie car je n'adhère pas aux programmes scolaires et à leurs directives. Et puis aussi parce que j'adore avoir un lieu dédié aux apprentissages. Je vous le disais j'ai passé mon enfance entre la classe de maternelle de ma mère et les camps scouts l'été, et j'aime l'idée de ces espaces aménagés pour éveiller les esprits.

Et si apprendre c'était vivre pleinement ?

Une des choses qui revient tout le temps quand j'échange avec les ados sur leur école idéale, c'est leur besoin d'apprendre à se débrouiller au quotidien : faire des factures, coudre, faire la cuisine, réparer un vélo, etc. Sortir du cadre scolaire devenu trop rigide et abstrait pour revenir dans la vie, explorer de nouvelles contrées, aller au-delà des frontières. Nos jeunes n'ont-ils pas tout compris ?  

C'est ce que permet le unschooling quand il est autorisé - ce qui n'est pas le cas en France, car dans notre pays, apprendre à vivre pleinement, au gré des voyages et des rencontres, dans les activités du quotidien, les forêts et les jardins, n'est pas considéré comme une instruction suffisante, car menaçante peut-être ?

L'avenir se construit avec nous, avec nos envies et nos idéaux, alors ne nous battons pas contre des murs, ouvrons des portes, construisons des fenêtres dans les écoles, en IEF afin que l'école nous ressemble. De plus en plus d'écoles voyageuses, en nature, à thème ouvrent leurs portes en Europe, les choses changent n'en doutez pas, il nous faut simplement être patients ! 

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